Tout commence par des questions. Bien avant que je ne m’empare de mes pinceaux. Pour peindre un trompe-l’oeil par exemple, je ne m’intéresse pas tout de suite au quoi ? : quel motif ?

D’abord, je me demande : qui est la personne qui me sollicite pour ce geste ? Que souhaite-t-elle ? Quel est ce lieu que je vais investir ? L’espace intime d’une maison ? Un couloir d’hôpital ? Un mur d’école ? Qui regardera ce mur que je vais peindre et quand ? Pendant le travail ? L’attente d’un résultat, d’un diagnostic ? Tous les jours à l’école ? Des enfants ? Des adultes ? De quoi ont-ils besoin pour se sentir bien ici ?

Et je vais sur les lieux. Je m’imprègne de l’atmosphère. Je capte sa poésie, évidente ou secrète. Je rencontre les personnes. Je les regarde vivre là si c’est possible. J’aime ce temps de rencontres. En m’approchant d’eux je m’approche de moi-même.
J’interroge aussi les matières. Toutes ont leurs secrets. Chacune a sa façon de respirer, de rayonner. Chacune ses exigences. Alors elles ouvrent des territoires infinis à explorer. J’aime partager cette expérience. Et que ceux qui regardent ce que j’ai peint ressentent ce mouvement à l’intérieur d’eux-mêmes.

Un espace qui grandit tout près de la part secrète.
Là où l’on rêve à se rêver.

Toiles et décors